Je revoyais ce soir un reportage de Radio-Canada où un sinistré de Saint-Paul-de-l'ïle-aux-noix expliquait comment il faut être solide et bien articulé pour demander, voire exiger de l'aide.
Lors des premières crues, les sinistrés ont du s'organiser rapidement et trouver l'aide disponible. Construire des digues à l'aide de sacs de sable de 70lb sur des terrains détrempés et souvent inondés est une opération très exténuante, qui exige une certaine force physique. Certains ont eu de l'aide, d'autre non. D'où un sentiment de grande injustice pour certains. Il faut également installer des pompes et tenter de maitriser la situation au meilleur de ses connaissances.
Plusieurs résidents ont déjà perdu leur maison. Pour de nombreux autres, l'avenir est incertain. Après cinq semaines, la situation semble en général contrôlée au niveau des digues, sauf au bord de l'eau où les terrains sont exposés aux vagues dû aux forts vents. Cependant, beaucoup de sinistrés sont épuisés, tendus, anxieux. Ils sont inquiets au niveau financier et se préoccupent également de leur santé. Les maisons sont environnées d'eau. Parfois, il y a de l'eau en permanence au sous-sol. On voit jusqu'à six pompes installées pour contrôler la situation. Les sinistrés sont continuellement en état d'alerte, surveillant l'état des pompes.
Malgré la construction de digues, les terrains gorgés d'eau permettent à l'eau de s'infiltrer dans les sous-sols. Des personnes seules et peu expérimentées avec de telles opérations, sont dépassées par les événements, épuisées. Lors de visites aux maisons, nous avons vu à plusieurs reprises des situations qui nous inquiètent beaucoup. Nous aidons et rassurons ces personnes. Mais qu'adviendra-t-il après notre départ? Les personnes vulnérables ne sont pas toujours en mesure de demander de l'aide. La reçoivent-elles. Je n'en suis pas certain. Il est important de repérer ces personnes et de les aider.
Ce soir, le niveau d'eau a presque atteint le niveau historique du 23 mai. Il pourrait même le dépasser. Durant la journée et ce soir, il y a eu des bourrasques de vents de plus de 70km à l'heure. Ce sont là des situations très préoccupantes pour les sinistrés. Et même si l'eau redescend, il faudra attendre quelques semaines avant que la situation revienne à la normale.
Les intervenants sur le terrain travaillent de nombreuses heures et sont très fatigués. Mais les organisations ne devraient-elles pas quand même être plus flexibles de façon à rejoindre les personnes les plus vulnérables. Dans de telles situations, peut-être faudrait-il allonger les bottes des intervenants de quelques dizaines de centimètres ou utiliser des véhicules exceptionnels pour qu'ils se rendent dans les rues près de la rivière Richelieu, là où l'eau est haute, la situation critique, les personnes essoufflées.
On dit qu'il y a de nombreux intervenants qui circulent dans les rues et repèrent les personnes ayant besoin d'aide. Après trois semaines à parcourir les rues des zones sinistrées, je dois constater que je ne croise pas beaucoup de gens venant en aide aux personnes les plus vulnérables surtout durant les périodes les plus critiques. Des journées comme hier ou aujourd'hui, je n'ai encore vu personne faisant du repérage.
Notre action solidaire doit aller au delà des des règles édictées et de venir en aide aux personnes qui en ont le plus besoin.
Les responsables des diverses organisations doivent à mon avis faire montre de plus de souplesse dans leurs actions lors de telles crises.
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